L'histoire du chantier

Vue historique du chantier Costantini au bord de l’eau

Le chantier Costantini (1931-1977)

Le chantier Costantini était un chantier naval artisanal breton basé à la Trinité-sur-Mer. Il a su s'imposer parmi les grands acteurs de la plaisance française pendant près d'un demi siècle.
Son excellence technique lui a permis de réaliser des bateaux rapides soignés et durables, comme la lignée des Margilic ou le célèbre Pen Duick II.
Le chantier fût créé en 1931 par Louis "Gino" Costantini, puis repris en 1957 par Gilles et Marc Costantini. À son apogée, le chantier embauchait une centaine de personnes.

1931–1934

Fondations à La Trinité-sur-Mer

Louis 'Gino' Costantini débute son activité de construction navale à la Trinité-sur-Mer

En 1931, l'architecte naval Gino Costantini décida de louer un hangar en bois à la Trinité-sur-Mer, rue de Carnac pour y installer son activité.
Il restaure, entretient et construit des petits dériveurs de construction soignée, tels que le "Plongeon", un dériveur de 4m de long.

L'activité se développe rapidement, et Gino emploie 4 ouvriers supplémentaires pour l'assister durant l'année 1932.

Son premier quillard fût l'Elf en 1932/1933, dont les plans lui avaient été fournis par Monsieur Carl de LA SABLIÈRE. Ce bateau navigue toujours aujourd'hui. À l'époque, la mise à l'eau de ce bateau fut un certain évènement. [Photo]
L’atelier Costantini à ses débuts
Gino et un Plongeon.

1935–1939

Déménagement à Kernivilit

Le chantier emménage dans de nouveaux locaux à côté de la mer

Photo aérienne du chantier
Photo aérienne du chantier
En 1935, étant donné que le chantier naval se développe, Gino transférera le chantier à Kernivilit, à Saint-Philibert.

Cela n'était pas une mince affaire, car cet espace était une étendue côtière couverte de vase. Avec l'aide de 3 ou 4 compagnons, Gino a donc créé un terre-plein en comblant cette vasière à l'aide de rocher provenant de la falaise. Sans engins mécaniques, ce travail est effectué manuellement.

Il construit ensuite un premier hangar en bois, ainsi qu'un slip de halage à sec, afin de pouvoir assurer non seulement les constructions et réparations, mais également l'hivernage de yachts.

À cette période, la Marine Nationale commande des baleinières et vedettes au chantier, dédiés au "service des Officiers"

1940–1945

La période de guerre

La seconde guerre mondiale, et l'occupation de nos terres par les forces allemandes, ont eu un énorme impact sur la plaisance française.

La navigation de loisir était interdite le long des côtes françaises, et les forces allemandes ont réquisitionné énormément de bateaux.

Ainsi, en 1940, l'armée Allemande a saisi une série de baleinières qui étaient sur le point d'être livrées à la marine.

Pendant toute la période de guerre de 1940 à 1944, le chantier construit des bateaux:
- Pour la pêche côtière, des cotres ouverts de 6 mètres avec grément houari (tels que la "Jeune Françoise", naviguant toujours aujourd'hui)
- Des bateaux type "Sea Gul", dériver à bouchains de 5 mètres grée en houari

1946–1947

Après-guerre : le retour de la plaisance

Alors que la guerre prend fin, le chantier produit presque uniquement des navires de pêche, et c'est dans cette lignée que le chantier produit en 1945 - 1947 des chalutiers de 16/18 mètres dédiés à la pêche hauturière.

Cependant, la fin de la guerre signifie également le retour de la plaisance, et le chantier construit en 1947 le yacht "Farewell" (plan Boucard) pour Monsieur Jean MARIN, de Nantes.
Ce bateau de 14m40 est classé au titre des monuments historiques, et navigue toujours aujourd'hui suite à une rénovation.

1947-1950

Margilic: une vitrine du chantier

[Histoire et aménagement du chantier ?]
La fin des années 40 est pour le chantier l'occasion de démontrer son excellence de conception et de fabrication.

En 1948, Gino dessine un yacht de course croisière de 15 mètres nommé Margilic, qui est construit par une équipe de charpentiers Italiens très qualifiée.

Ce yacht, construit en bois d'acajou de très grande qualité, est devenue une vitrine pour le chantier. Il peut rivaliser, tant au point de vue architectural qu'au point de vue construction, avec les meilleures unités internationales.

Le nom "Margilic" est celui utilisé par la famille Costantini pour ses propres bateaux, vous pouvez obtenir plus de détails sur Margilic, ainsi que tous les autres, dans les pages dédiées du site.

Gino, ainsi que ses fils Gilles et Marc dont nous reparlerons bientôt, obtiennent d'excellent classements dans les courses locales.

1950-1957

De nombreuses innovations

Le stand des Chantiers Costantini au Salon Nautique de 1955
Le stand des Chantiers Costantini au Salon Nautique de 1955
Le début des années 50 est une période riche en projets pour le chantier, cherchant toujours à innover.

Parmi les innovations notables du chantier, nous pouvons noter:
- La réalisation de mâts et de pièces en aluminium (AG4)
- La série des Jauge C, premier bateau de croisière réalisé en contreplaqué
- La série des Kass-Rol, le premier bateau de plaisance réalisé en acier
- La série des Polysson, bateau réalisé en polyester. En 1955, ce bateau est le plus grand bateau réalisé en France dans ce matériau

En 1953, le chantier construit pour le Centre Nautique des Glénans les cent premiers "Vaurien", dériveurs en contreplaqué.

L'année suivante, Gino COSTANTINI lance la construction d'un nouveau dériveur nommé "P'tit Gars", plus sophistiqué que le "Vaurien" car équipé d'une dérive et d'un safran métallique et pivotants.

C'est également à ce moment que le chantier crée un bateau de plus de 18 mètres (Farewell II) pour Monsieur Jean Marin, et un bateau laboratoire de 17m50 (Coryphène) pour le Docteur Alain Bombard, l'homme qui a traversé l'atlantique sur un canot pneumatique.

À cette époque, le Chantier Costantini est l'un des plus importants et plus reconnus en France.

1957

Gilles et Marc Costantini reprennent le chantier

Gilles et Marc au chantier
Gilles est à gauche, Marc est à droite
Au mois de juin 1956, Gino découvre qu'il est atteint d'un cancer. Malgré les meilleurs traitements de l'époque, Gino décède le 6 janvier 1957 à l'âge de 50 ans, laissant dans la peine et la détresse sa femme et ses 3 fils.

À cette époque, les jumeaux Gilles et Marc Costantini sont agés de 24 ans. Ils décident de reprendre le flambeau en prenant en charge la gestion du chantier.
Gilles oeuvre en tant qu'architecte naval et directeur technique et Marc en tant que directeur administratif et financier.

1957-1962

Les débuts prometteurs pour Gilles et Marc

À la reprise du chantier par les jumeaux, le chantier se lance, d'une façon semi industrielle, dans la construction de bateaux en contreplaqué. Les panneaux sont réalisés en qualité "Hydro" et d'une seule longueur par la SNBCC de Nantes.

En 1958, Gilles dessine et construit le yacht "Jokidi II" pour Monsieur J. TOMINE de Rennes.

En 1960 et 1961, les modèles "Foehn" et "Tarann" voient le jours et sont construits à plusieurs dizaines d'exemplaires.

1962–1964

Le travail avec Éric Tabarly et la naissance du Pen Duick 2

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En 1962, Éric Tabarly décide de concourir pour la Transat Anglaise de 1964, et se rapproche du chantier Costantini afin de préparer la course.
Avec Gilles, ils décident de construire le Tarann "Margilic V", bateau en contreplaqué à déplacement léger. Après un certain temps de navigation, Éric décide qu’il pouvait mener un bateau plus grand.
Il décide donc de travailler avec Gilles sur les plans d’un nouveau bateau : le Pen Duick II.

La victoire de Éric Tabarly à la transat anglaise de 1964 marqua toute la France. Pour le chantier, il s'agissait là d'un aboutissement dans sa quête d'innovation et d'excellence. À cette époque, Gilles écrivit un article de 3 pages dans le Paris Match titré "Pourquoi notre voilier est le plus rapide du monde".
Gilles Costantini et les plans du Pen Duick 2
Gilles Costantini et les plans du Pen Duick 2

Gilles Costantini et Éric Tabarly travaillent à la création du Pen Duick 2

Extrait d’archives. Source : INA.
Nous avions, Éric et moi, une grande idée : l’un et l’autre étions partisans du déplacement léger. Pour la course, un bateau va d’autant plus vite que sa ligne de flottaison est longue. Nous voulions donc un bateau d’au moins dix mètres à la ligne de flottaison, mais de construction légère. La vieille théorie voulait qu’un bateau résiste d’autant mieux à la mer qu’il est plus lourd et plus massif. Aujourd’hui, on reconnaît qu’un bateau léger offre moins d’inertie au choc, remonte mieux au vent et à la mer, et fatigue moins qu’un bateau lourd. Il danse, bien sûr, mais il faut savoir ce qu’on veut lorsqu’on dispute une course. […] Nous avions décidé qu’Éric courait sur un Tarann. Il s’est donc entraîné sur le Margilic V, un Tarann qui illustre à merveille la théorie du déplacement léger. Il a parcouru 4000 milles en course avec mon frère et moi. Mais un beau jour, il a dit simplement : – Le Tarann, c’est bien. Mais je peux faire mieux. Je peux mener un bateau plus grand. Nous avons donc construit le Pen Duick II.
Gilles Costantini (1964) Article Paris-Match "Pourquoi notre voilier est le plus rapide du monde"

Années 1960

Hybrides bois / polyester : Triskel, Biniou

1961

1975

Un incendie frappe le chantier

Un sinistre frappe l’atelier, détruisant bâtiments et outillage.

En 1975, un incendie détruit totalement le chantier de Saint Goustan, y compris les moules servant à la production des bateaux en polyester. Cet évènement eut un impact catastrophique sur l'activité du chantier et sur ses finances.
Lors de la crise économique des années 1970, les bateaux en bois n'étaient plus au goût du jour, la restauration des yachts de la grande plaisance n'était pas encore à la mode et les bateaux en polyester avaient pris une place prépondérante sur le marché. Pour toutes ces raisons, et pour éviter la mise en difficulté financière de la société, Gilles et Marc COSTANTINI décident de fermer le chantier le 31 décembre 1977 après avoir réglé tout le passif de l'entreprise.